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7 May 2025

Art généré par IA : quels impacts pour la protection de nos données biométriques ?

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Haas Avocats

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HAAS Avocats, a French law firm, defends and protects national and international clients in the fields of French intellectual property, new information and communication technologies, data protection, e-commerce, e-marketing and business law.
L'essor fulgurant de l'art généré par intelligence artificielle, propulsé par des plateformes telles que DALL·E, MidJourney ou ChatGPT, pose des questions inédites qui dépassent...
France Technology

L'essor fulgurant de l'art généré par intelligence artificielle, propulsé par des plateformes telles que DALL·E, MidJourney ou ChatGPT, pose des questions inédites qui dépassent la seule sphère artistique pour toucher de plein fouet les domaines de l'éthique et du droit de la donnée personnelle.

Si la capacité de transformer une image basique en une Suvre d'art complexe, comme un portrait inspiré du Studio Ghibli, semble relever de la magie technologique, une réalité sous-jacente, souvent méconnue, concerne la collecte massive de données incluant des données faciales.

Comment les outils d'IA artistique collectent vos données faciales et émotionnelles

Lorsque les utilisateurs interagissent avec ces outils de création artistique par IA, notamment en téléchargeant des images ou en utilisant des fonctionnalités nécessitant l'accès à leur caméra, ils ne font pas qu'alimenter un algorithme créatif : ils peuvent involontairement introduire leurs expressions faciales, leurs sentiments, et même leurs micro-réactions dans les systèmes algorithmiques.

En effet, les plateformes d'IA ne sont pas uniquement entraînées sur du texte, elles absorbent également une variété d'autres informations personnelles, y compris des données de reconnaissance faciale. En ce sens, les IA analysent les moindres nuances du visage d'une personne, englobant les émotions et les variations d'expression infimes. Des IA comme ChatGPT pourraient ainsi collecter des marqueurs biométriques lorsque l'accès à la caméra est sollicité ou que des images sont téléchargées.

Consentement éclairé et devoir de transparence : les obligations des IA

Le problème éthique central n'est pas seulement une question de vie privée, mais d'éthique fondamentale.

Est-il acceptable pour les IA de collecter des données biométriques sans un consentement clair et explicite ?

Dans les faits, de nombreux utilisateurs ne sont pas conscients de la manière dont leurs données sont utilisées. En cliquant sur « accepter » les conditions d'utilisation, nous consentons fréquemment au traitement et à l'utilisation de nos données faciales d'une manière que nous ne comprenons pas pleinement.

Il est donc du devoir éthique des fournisseurs d'IA de rendre ce processus transparent et de garantir aux clients la maîtrise de leurs données.

Les conséquences potentielles et les risques de détournement des données faciales

Les données collectées ne servent pas uniquement à l'amélioration de la génération artistique. Elles sont stockées, analysées et pourraient être monétisées par des sociétés tierces.

Les applications potentielles de ces données « faciales », au-delà de la création artistique, sont préoccupantes et relèvent du risque de surveillance généralisée. Ce qui commence comme une expérimentation ludique peut potentiellement évoluer vers un vaste outil de surveillance. Les données d'expression faciale peuvent être utilisées pour prédire votre comportement, personnaliser du contenu, et même subtilement influencer vos émotions. L'idée que chaque sourire ou froncement de sourcils puisse être analysé et stocké pour créer un profil numérique de nos tendances émotionnelles est une réalité potentielle qu'il faut anticiper.

Le risque de partage ou de vente de ces données faciales à des tiers est donc réel dans un monde de plus en plus axé sur la donnée.

En outre, un risque majeur réside dans l'association des données faciales à la technologie des hypertrucages, connus sous le nom de « deepfakes ». Ces enregistrements hyperréalistes créés par IA à partir de données faciales peuvent gravement compromettre la confiance et la vie privée des utilisateurs. Les mêmes données utilisées pour générer de l'art pourraient potentiellement servir à créer des deepfakes, à influencer l'opinion publique ou à nuire à des réputations.

Comment protéger ses données face à l'art généré par intelligence artificielle ?

Dans ce contexte, il est impératif pour les utilisateurs de prendre conscience de leur empreinte numérique et de contrôler leurs données.

Plusieurs mesures peuvent d'ores et déjà être prises :

  • S'informer : toujours lire les politiques de confidentialité des plateformes pour comprendre quelles données sont collectées et comment elles sont utilisées et pouvoir prendre des décisions en toute connaissance de cause.
  • Gérer/minimiser ses données : profiter des options offertes pour gérer ses données, idéalement par l'anonymisation ou la suppression et limiter les données personnelles partagées avec l'IA.
  • Être vigilant : réviser et mettre à jour régulièrement les paramètres de confidentialité des comptes et appareils. Utiliser avec prudence les fonctionnalités de reconnaissance faciale.

Dans ce cadre, si l'art généré par intelligence artificielle fascine par sa créativité et ses prouesses techniques, il soulève également des questions en matière de vie privée et d'éthique.

Derrière le rendu final se cache une mécanique complexe de collecte de données, où les expressions du visage deviennent des ressources exploitables. Il faut donc éveiller les consciences afin que toutes les actions soient effectuées de manière éclairée.

The content of this article is intended to provide a general guide to the subject matter. Specialist advice should be sought about your specific circumstances.

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