ARTICLE
6 October 2025

Requalification par l'URSSAF de 'management fees' en rémunération du dirigeant

MB
Mayer Brown

Contributor

Mayer Brown is a distinctively global law firm, uniquely positioned to advise the world’s leading companies and financial institutions on their most complex deals and disputes. We have deep experience in high-stakes litigation and complex transactions across industry sectors, including our signature strength, the global financial services industry.
En matière de cotisations sociales, la Cour d'appel d'Aix-en-Provence juge que le redressement opéré par l'URSSAF à l'encontre d'une SA n'était pas fondé sur la procédure...
France Corporate/Commercial Law
Mayer Brown are most popular:
  • within Law Practice Management, Wealth Management and Coronavirus (COVID-19) topic(s)

En matière de cotisations sociales, la Cour d'appel d'Aix-en-Provence juge que le redressement opéré par l'URSSAF à l'encontre d'une SA n'était pas fondé sur la procédure d'abus de droit (CSS, art. L.243-7-2), l'organisme s'étant limité à requalifier juridiquement la relation entre le dirigeant et la société. Elle estime que les conventions de prestations conclues avec la société mère, bien qu'invoquant des missions techniques (assistance, suivi de projets, représentation), avaient été conclues intuitu personae et recouvraient en réalité les fonctions normalement exercées par un président-directeur général, ce qui les rendait dépourvues de cause. Enfin, elle refuse d'admettre une compensation avec les cotisations déjà versées par le dirigeant en tant qu'indépendant (CA Aix-en-Provence, 3 juillet 2025 n° 24/05530).

FAITS ET PROCÉDURE

En 2010 puis en 2013, la SA X, spécialisée dans les travaux de béton et d'étanchéification, a conclu avec sa société mère, la SARL Y, deux conventions de prestations de services assorties d'honoraires forfaitaires de 130.000 € puis 180.000 €, portant sur des missions de management, de stratégie, d'assistance technique et de représentation. M. P, président- directeur général de la SA X et gérant majoritaire de la SARL Y, devait personnellement intervenir dans l'exécution de ces prestations.

À l'issue d'un contrôle portant sur les exercices 2013 et 2014, l'URSSAF a estimé que les prestations facturées recouvraient en réalité les fonctions sociales exercées par M. P en sa qualité de dirigeant de la SA X, rendant les conventions dépourvues de cause. Elle a requalifié les sommes en rémunérations soumises au régime général et mis en demeure la société de verser 207.081 € (178.112 € de cotisations et 28.969 € de majorations).

Contestant cette décision, la SA X a soutenu que l'organisme faisait implicitement référence à un abus de droit sans en respecter la procédure (CSS, art. L.243-7-2), et que les conventions correspondaient à de véritables prestations techniques distinctes du mandat social de M. P. À titre subsidiaire, elle faisait valoir que les cotisations déjà acquittées par ce dernier en tant qu'indépendant auraient dû être prises en compte afin d'éviter une double imposition.

DÉCISION DE LA COUR D'APPEL

En premier lieu, la Cour écarte tout abus de droit (CSS, art. L.243-7-2), relevant que l'URSSAF s'était bornée à constater une erreur de qualification juridique de la relation entre M. P et la SA X, sans invoquer ni acte fictif ni volonté d'éluder les cotisations sociales.

Sur le fond, elle juge que les conventions conclues avec la SARL Y, bien qu'affichant des missions techniques, avaient été conclues intuitu personae et recouvraient en réalité les fonctions normalement dévolues à un président-directeur général, ce qui les rendait dépourvues de cause et redondantes avec son mandat social.

Enfin, la Cour rejette l'argument subsidiaire tiré d'une prétendue double imposition : elle rappelle que l'affiliation à un régime social est d'ordre public, qu'elle ne peut être remise en cause rétroactivement ni donner lieu à remboursement, et que la société, en tant qu'employeur, demeure tenue de verser les cotisations au régime général de façon autonome, sans pouvoir les compenser avec celles acquittées par M. P. en tant qu'indépendant.

Visit us at mayerbrown.com

Mayer Brown is a global services provider comprising associated legal practices that are separate entities, including Mayer Brown LLP (Illinois, USA), Mayer Brown International LLP (England & Wales), Mayer Brown (a Hong Kong partnership) and Tauil & Chequer Advogados (a Brazilian law partnership) and non-legal service providers, which provide consultancy services (collectively, the "Mayer Brown Practices"). The Mayer Brown Practices are established in various jurisdictions and may be a legal person or a partnership. PK Wong & Nair LLC ("PKWN") is the constituent Singapore law practice of our licensed joint law venture in Singapore, Mayer Brown PK Wong & Nair Pte. Ltd. Details of the individual Mayer Brown Practices and PKWN can be found in the Legal Notices section of our website. "Mayer Brown" and the Mayer Brown logo are the trademarks of Mayer Brown.

© Copyright 2025. The Mayer Brown Practices. All rights reserved.

This Mayer Brown article provides information and comments on legal issues and developments of interest. The foregoing is not a comprehensive treatment of the subject matter covered and is not intended to provide legal advice. Readers should seek specific legal advice before taking any action with respect to the matters discussed herein.

 

Mondaq uses cookies on this website. By using our website you agree to our use of cookies as set out in our Privacy Policy.

Learn More