Protection des renseignements personnels et cybersécurité au Canada, aux États-Unis et dans l'Union européenne
Ce bulletin mensuel a été préparé par le groupe Protection des renseignements confidentiels, vie privée et cybersécurité de Fasken pour vous présenter les actualités et les développements récents qui ont attiré notre attention. Si vous avez des questions sur l'un des sujets abordés dans ce bulletin, veuillez communiquer avec l'un des membres de ce groupe, qui se fera un plaisir de vous aider.
Canada
La commissaire à la protection de la vie privée de l'Ontario impose les toutes premières pénalités administratives pécuniaires au Canada
La commissaire à la protection de la vie privée de l'Ontario a imposé (en anglais seulement) les premières pénalités administratives pécuniaires sous le régime de la loi provinciale sur la protection des renseignements personnels sur la santé (la « LPPS »). Il s'agit des premières pénalités de ce genre infligées par un commissaire à la protection de la vie privée au Canada. Dans la décision (PHIPA Decision 298), la commissaire a imposé une pénalité de 5 000 $ à un médecin qui avait accédé de façon inappropriée à des dossiers médicaux de patients par l'entremise d'un système électronique de partage des dossiers d'hôpitaux. Le médecin avait utilisé ces renseignements pour identifier les nouveau-nés de sexe masculin et solliciter leurs parents afin de leur proposer des services de circoncision. La commissaire a également infligé une pénalité de 7 500 $ à la clinique privée du médecin pour ne pas avoir respecté ses obligations fondamentales en vertu de la LPRPS. L'enquête a été déclenchée par un rapport d'atteinte à la vie privée déposé par les hôpitaux. La commissaire a formulé un certain nombre de recommandations et a rappelé l'importance d'avoir en place de solides pratiques de protection de la vie privée et de gestion de l'information.
La commissaire à la protection de la vie privée de l'Ontario produit un rapport de plainte contre une université pour son utilisation d'une technologie de détection faciale
Dans le rapport de plainte PX24-00001 (en anglais seulement), la commissaire à la protection de la vie privée de l'Ontario a conclu qu'une université n'avait pas respecté la loi provinciale sur la protection des renseignements personnels dans le secteur public (la « LAIPVP ») en installant des machines distributrices « intelligentes » qui utilisaient une technologie de détection faciale à l'aide d'une caméra sans aviser les utilisateurs ni obtenir leur consentement. Bien que l'université ait mis en place certaines mesures de protection contractuelles avec le fournisseur de la technologie, elle ne savait pas que cette technologie recueillait des renseignements personnels. Si elle ne le savait pas, c'est principalement en raison de lacunes dans le processus d'approvisionnement. Par exemple, l'université n'avait pas réalisé une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée ni demandé aux fournisseurs de le faire.
La commissaire a recommandé que l'université examine ses politiques de protection de la vie privée pour veiller à la conformité à la LAIPVP de toute collecte future de renseignements personnels et prenne les mesures adéquates dans son processus d'approvisionnement pour évaluer les tiers fournisseurs de services et toute nouvelle technologie qui pourrait être utilisée.
Le commissaire fédéral à la protection de la vie privée publie des documents d'orientation sur le traitement des renseignements biométriques
Le 11 août 2025, le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada a publié des documents d'orientation sur le traitement des renseignements biométriques à l'intention des entreprises du secteur privé et des institutions fédérales. Le document destiné aux entreprises est structuré autour des principes clés énoncés dans la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques (p. ex., déterminer les fins acceptables, obtenir le consentement et limiter la collecte, l'utilisation, la communication et la conservation) et décrit, pour chaque principe, ce que les entreprises doivent et devraient faire en ce qui concerne leur traitement des renseignements biométriques. Le document d'orientation à l'intention des institutions fédérales est organisé de façon similaire, mais selon les principes clés énoncés dans la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Dans les deux documents, on fournit des définitions techniques liées à la technologie biométrique et aux cas d'utilisation courants (p. ex., la biométrie physiologique et la biométrie comportementale, qui peuvent être utilisées à des fins de vérification, d'identification ou de classification). Les entreprises et les institutions qui traitent des renseignements biométriques doivent savoir qu'il s'agit de renseignements sensibles lorsqu'ils permettent d'identifier précisément une personne, lorsqu'une mauvaise utilisation de ces renseignements pourrait poser un risque élevé de préjudice pour une personne ou lorsqu'ils pourraient révéler d'autres renseignements sensibles (p. ex., des renseignements médicaux). Les renseignements biométriques sensibles conservent leur caractère sensible quel que soit le contexte, car ils restent inchangés au fil du temps, sont difficiles à modifier et sont intimement liés à l'identité d'une personne.
Europe
Le tribunal de l'UE rejette un recours visant l'annulation du nouveau cadre de transfert de données à caractère personnel entre l'Union européenne et les États-Unis
Cette décision confirme que, à la date d'adoption de la décision attaquée, les États-Unis assuraient un niveau adéquat de protection des données à caractère personnel transférées depuis l'UE vers des organisations américaines pour les raisons suivantes :
- La Data Protection Review Court (la « DPRC ») est impartiale et indépendante : la nomination des juges à ce tribunal et son fonctionnement sont assortis par plusieurs garanties visant à assurer l'indépendance de ses membres. De plus, d'une part, les juges de la DPRC ne peuvent être révoqués que par le procureur général et uniquement pour un motif valable et, d'autre part, le procureur général et les agences de renseignement ne peuvent pas entraver ou indûment influencer leur travail.
- On ne peut pas considérer que la collecte massive de données à caractère personnel effectuée par les agences de renseignement américaines ne satisfait pas aux exigences découlant de l'arrêt Schrems II ou qu'elle n'assure pas une protection juridique substantiellement équivalente à celle qui est garantie par le droit de l'UE.
La Cour de justice précise la portée de la notion de données à caractère personnel dans le cadre de la transmission de données pseudonymisées à des tiers
Dans sa décision du 4 septembre 2025 (C-413/23 P), la Cour de justice de l'UE estime que les données pseudonymisées ne doivent pas être considérées comme des données à caractère personnel dans toutes circonstances et pour toute personne, dans la mesure où la pseudonymisation peut, selon les circonstances de l'espèce, empêcher effectivement des personnes autres que le responsable du traitement d'identifier la personne concernée de telle manière que, pour elles, celle-ci n'est pas ou n'est plus identifiable.
D'abord, la Cour note que la pseudonymisation n'est pas un élément de la définition des « données à caractère personnel », mais fait référence à la mise en œuvre de mesures techniques et organisationnelles visant à réduire le risque de mise en corrélation d'un ensemble de données avec l'identité des personnes concernées.
Elle souligne ensuite que l'un des principaux objectifs de la pseudonymisation est d'empêcher l'identification de la personne concernée au moyen des seules données pseudonymisées. En effet, pour autant que les mesures techniques et organisationnelles requises pour la pseudonymisation soient effectivement mises en place et qu'elles soient de nature à prévenir une attribution des données en cause à la personne concernée, de telle manière que celle-ci n'est pas ou n'est plus identifiable, la pseudonymisation peut avoir une incidence sur le caractère personnel de ces données. À cet égard, la Cour précise que le responsable du traitement qui a procédé à la pseudonymisation dispose, en l'espèce, des informations supplémentaires permettant d'attribuer les commentaires transmis au sous-traitant à la personne concernée. Autrement dit, pour le responsable du traitement, ces renseignements demeurent des renseignements à caractère personnel. En revanche, en ce qui concerne le sous-traitant, les mesures techniques et organisationnelles peuvent avoir pour effet que ces renseignements ne présentent pas un caractère personnel si le sous-traitant n'est pas en mesure de réidentifier la personne concernée.
Projet de décision d'adéquation pour le Brésil
Le 5 septembre 2025, la Commission a déterminé que le Brésil assure un niveau adéquat de protection des données, comparable à celui de l'UE.
Une fois adoptée, la décision (en anglais seulement) permettra la libre circulation des données entre l'UE et le Brésil pour les entreprises, les autorités publiques et les projets de recherche, sans qu'il soit nécessaire de procéder à une évaluation des risques de transfert ou encore de convenir de clauses contractuelles types. Les autorités brésiliennes ont entamé un processus visant à adopter une décision équivalente afin de permettre aux données brésiliennes de circuler librement vers l'UE.
Lignes directrices 3/2025 sur l'interaction entre le Règlement sur les services numériques et le RGPD
Lors de sa réunion plénière de septembre, le Comité européen de la protection des données (l'« EDPB ») a adopté des lignes directrices sur l'interaction entre le Règlement sur les services numériques et le Règlement général sur la protection des données (le « RGPD ») (en anglais seulement). Le Règlement sur les services numériques vise à compléter les règles du RGPD afin d'assurer le plus haut niveau de protection des droits fondamentaux dans l'espace numérique. Son principal objectif est de créer un environnement en ligne plus sûr où les droits fondamentaux de tous les utilisateurs, y compris les mineurs, sont protégés. Il s'applique à tous les services intermédiaires en ligne, dont les très grandes plateformes en ligne et les très gros moteurs de recherche en ligne. Plusieurs dispositions du règlement encadrent le traitement de données à caractère personnel par des fournisseurs de services intermédiaires et un certain nombre de dispositions sont liées au GDPR, comme les règles relatives au « profilage » et aux « catégories particulières de données à caractère personnel ».
Ces lignes directrices de l'EDPB aident à comprendre comment le RGPD doit être appliqué dans le contexte des obligations émanant du Règlement sur les services numériques.
Elles feront l'objet d'une consultation publique, ce qui donnera aux parties prenantes l'occasion de formuler des commentaires.
La commission européenne publie une faq sur le règlement sur les données
La foire aux questions (FAQ) (en anglais seulement) sur le Règlement sur les données a été préparée pour aider les organisations à mettre en œuvre ce règlement, qui établit un ensemble de règles horizontales sur l'accès aux données et leur utilisation. Ces règles respectent la protection des droits fondamentaux et apportent des avantages considérables à l'économie et à la société européennes. Le règlement accroît la disponibilité des données, en particulier les données industrielles, et encourage l'innovation axée sur les données tout en assurant l'équité dans l'attribution de valeur parmi les acteurs de l'économie fondée sur les données.
États-Unis
La Californie présente un projet de loi visant à réglementer les robots conversationnels agissant comme un compagnon
Avec l'appui des deux partis, l'assemblée législative de la Californie a approuvé un projet de loi qui imposerait de nouvelles mesures de protection aux robots conversationnels alimentés par l'intelligence artificielle afin de mieux protéger les enfants et d'autres utilisateurs vulnérables. Le projet de loi 243 du sénat (en anglais seulement) a été adopté par l'assemblée et le sénat de l'État et est maintenant sur le bureau du gouverneur de la Californie.
Le projet de loi exigerait que les sociétés qui exploitent des robots conversationnels commercialisés comme des « compagnons » – des systèmes d'IA qui offrent des réponses adaptatives semblables à celles d'un humain et qui sont capables de répondre aux besoins sociaux d'un utilisateur – évitent d'exposer les mineurs à du contenu relayant des idées suicidaires, à du contenu portant sur l'automutilation ou à du contenu à caractère sexuel ou sexuellement explicite. Les plateformes seraient aussi tenues de configurer des alertes récurrentes pour rappeler aux utilisateurs qu'ils parlent à un robot conversationnel alimenté par l'IA et non à une vraie personne et qu'ils devraient prendre des pauses. En outre, le projet de loi établirait aussi des exigences en matière de production de rapports annuels et de transparence et permettrait aux particuliers de poursuivre les sociétés d'IA pour des violations présumées (jusqu'à 1 000 $ en dommages-intérêts par violation) et de demander des injonctions de même que le remboursement des honoraires d'avocat.
S'il est adopté, le projet de loi ferait de la Californie le premier État à exiger que les exploitants de robots conversationnels d'IA suivent des protocoles de sécurité et à tenir les sociétés légalement responsables de leur non-conformité. Les exigences de base entreraient en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2026 et les obligations de déclaration supplémentaires, le 1ᵉʳ juillet 2027.
La FTC lance une enquête sur les robots conversationnels qui agissent comme des compagnons
La Federal Trade Commission a émis des ordonnances (en anglais seulement) à l'intention de sept sociétés qui exploitent des robots conversationnels d'IA destinés aux consommateurs pour obtenir de l'information sur la façon dont elles mesurent, évaluent et surveillent les effets potentiellement négatifs de cette technologie sur les enfants et les adolescents.
L'enquête de la FTC cherche à comprendre quelles mesures, le cas échéant, les sociétés ont prises pour évaluer la sécurité de leur robot conversationnel agissant comme un compagnon, pour limiter l'utilisation de ces produits par les enfants et les adolescents et leurs effets négatifs potentiels, et pour informer les utilisateurs et les parents des risques associés à ces produits.
Pour ne rien manquer!
Le groupe Protection des renseignements confidentiels, vie privée et cybersécurité de Fasken a récemment partagé l'événement suivant qui pourrait vous intéresser :
- Loi 25 sur la protection des renseignements personnels | Un travail de tous les instants | La Presse
- Symposium Vie Privée, au bureau de Fasken à Montréal, le 16 septembre 2025
Félicitations à notre équipe Fasken!
Nous sommes fiers d'annoncer que 11 avocats et avocates de Fasken figurent dans l'édition 2026 du répertoire Best Lawyers in CanadaMC pour leur travail dans le domaine de la protection de la vie privée et des données.
Consultez la liste complète de ces avocats et avocates (en anglais).
Best Lawyers est une publication d'évaluation par les pairs bien établie qui répertorie les meilleurs professionnels du droit dans perses régions et différents domaines de pratique depuis plus de 30 ans.
Nous sommes aussi fiers de vous informer que Fasken s'est
classé au deuxième
niveau (Band 2) en protection
de la vie privée et des données dans
l'édition 2026 du répertoire Chambers
Canada.
Quatre de nos avocats – Alex
Cameron, Daniel
Fabiano, Soleïca
Monnier et Samantha
Delechantos – sont également honorés
inpiduellement pour leur travail exceptionnel dans ce
domaine.
Consultez les classements complets de Chambers Canada (en
anglais).
Chambers est un répertoire juridique de premier plan qui
classe les cabinets d'avocats et les avocats à la
suite de recherches approfondies et selon des commentaires des
clients. Il couvre de nombreux domaines de pratique et pays.
Où nous trouver
Les membres de notre groupe Protection des renseignements personnels, vie privée et cybersécurité prendront la parole ou assisteront aux événements suivants au cours des prochains mois. Au plaisir de vous croiser lors de ces événements!
- La mise en œuvre de la Loi 25 transforme les obligations
des organisations en matière de protection des
renseignements personnels. Notre collègue Soleïca
Monnier, avocate au sein de notre groupe Protection des
renseignements confidentiels, vie privée et
cybersécurité, anime une formation en ligne sur la
plateforme illuxi qui forme vos équipes, de façon
claire et pratique, sur :
- les nouvelles obligations de conformité,
- le cycle de vie des données personnelles,
- la gestion des incidents de confidentialité.
- Et bien plus.
Pourquoi la suivre?
Parce qu'elle répond à un besoin urgent : former les employés sur la Loi 25 de manière claire, rapide et structurée.
Cette formation en ligne, disponible en français et en anglais, s'appuie sur une plateforme LMS (Learning Management System) qui permet de suivre la progression des employés, d'obtenir des statistiques de participation et de générer des preuves de certification.
Dans un contexte où les exigences réglementaires se renforcent et où les organisations doivent démontrer leur conformité, cette solution devient un levier stratégique pour accélérer la mise en conformité.
À propos du Groupe Protection des renseignements confidentiels, vie privée et cybersécurité de Fasken
Notre pratique en protection de la vie privée et en cybersécurité est l'une de celles qui sont établies depuis le plus longtemps dans le marché. Notre équipe nationale de premier plan est composée de plus de 30 avocates et avocats et offre une vaste gamme de services. Qu'il s'agisse de traiter de questions complexes liées à la protection des renseignements personnels et aux incidents de confidentialité ou de fournir des conseils sur le Règlement général sur la protection des données de l'UE et les nouveaux régimes juridiques, nous offrons des conseils juridiques complets et qui bénéficient de la confiance des principaux assureurs de cyberassurance et des entreprises du classement Fortune 500. Notre groupe est reconnu comme un chef de file dans son domaine, ayant reçu de nombreuses distinctions, comme le prix « Équipe de protection de la vie privée de l'année » lors des Prix PICCASO, en plus d'avoir été reconnu par les répertoires Chambers Canada et Best Lawyers in Canada. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter notre site Web.
The content of this article is intended to provide a general guide to the subject matter. Specialist advice should be sought about your specific circumstances.