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L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a publié un rapport spécial sur l'énergie et l'intelligence artificielle (IA) en 2025 (rapport en anglais). Le rapport traite des conséquences de l'émergence de l'IA sur le secteur de l'énergie dans le monde entier, particulièrement en ce qui concerne l'électricité. Des technologies d'énergie propre établies (énergie éolienne, solaire et hydroélectrique), mais aussi des technologies d'énergie nucléaire, y compris des technologies émergentes comme les petits réacteurs modulaires (PRM), pourraient fournir l'approvisionnement continu en électricité dont les centres de données ont besoin pour soutenir l'IA.
Le rapport souligne que, à l'échelle mondiale, la consommation d'électricité par les centres de données augmente d'environ 12 % par année depuis 2017, soit quatre fois plus rapidement que le taux de consommation totale d'électricité. L'AIE estime que, d'ici 2035, plus de 900 térawattheures (TWh) de nouvelle production d'électricité seront nécessaires pour répondre à la demande croissante en électricité des centres de données. La moitié de la croissance mondiale devrait être comblée par les énergies renouvelables; le quart, par le gaz naturel; et le dernier quart, par l'énergie nucléaire. Avec les premiers PRM à l'échelle du réseau, dans les pays occidentaux, qui devraient être opérationnels en 2030 (voir notre bulletin : Un autre signe du leadership canadien en matière d'énergie nucléaire : Le premier PRM d'Amérique du Nord a reçu l'approbation des autorités fédérales et provinciales), un mélange de sources d'énergie nucléaire traditionnelles et émergentes pourrait devenir disponible juste à temps, en particulier sur le marché canadien, pour répondre aux besoins en électricité croissants de l'IA et des centres de données.
Les prévisions de croissance de la demande au Canada sont semblables. Par exemple, la Société indépendante d'exploitation du réseau d'électricité de l'Ontario prévoit que la demande d'électricité dans la province augmentera d'environ 75 % au cours des 25 prochaines années, passant de 151 TWh en 2025 à 263 TWh en 2050. Il s'agit d'une révision à la hausse considérable par rapport à la prévision de croissance de 60 % de l'année précédente. L'un des principaux moteurs de cette croissance à venir est l'ouverture dans la province de nouveaux centres de données plus grands afin de soutenir les services d'IA et d'infonuagique. L'Alberta, la Colombie-Britannique, le Québec et d'autres régions du Canada s'attendent à une croissance similaire de la demande.
Approvisionner les centres de données et l'intelligence artificielle en énergie nucléaire
Le rapport de l'AIE décrit certaines des stratégies d'approvisionnement utilisées par les sociétés de technologies qui cherchent à répondre à l'importante demande en électricité attribuable aux centres de données. En ce qui concerne l'énergie nucléaire, l'AIE souligne ce qui suit [traduction] :
Dans le cadre de ces stratégies, les sociétés de technologies appuient également le développement et la commercialisation de technologies novatrices de production d'énergie de base à faible taux d'émission, comme les petits réacteurs modulaires (PRM) [...]. À ce jour, des plans visant à construire des PRM pour disposer d'une capacité allant jusqu'à 25 GW en vue de l'approvisionnement du secteur des centres de données ont été annoncés dans le monde entier [...]. Les premiers projets devraient commencer à se concrétiser seulement vers la fin de la présente décennie.
Par rapport à d'autres sources, l'un des principaux défis que doit relever l'énergie nucléaire pour répondre à la demande en électricité des centres de données et de l'IA est le long processus d'obtention de permis et de construction. Pour certaines sources traditionnelles comme l'énergie éolienne, l'énergie solaire et le gaz naturel, l'obtention de permis et la construction peuvent se faire en aussi peu que cinq ans. En comparaison, pour l'énergie nucléaire, le rapport de l'AIE indique ceci [traduction] :
D'autres technologies de sources distribuables, comme les réacteurs nucléaires à grande échelle ou les centrales hydroélectriques, prennent habituellement une dizaine d'années ou plus à bâtir. Lorsque les PRM [...] deviendront commerciaux, il est possible qu'ils comptent aussi des durées de développement moyennes d'environ trois à cinq ans.
Développements au Canada
Le Canada a adopté les PRM dans le cadre de sa stratégie nucléaire. En avril 2025, le projet de nouvelle centrale nucléaire de Darlington est devenu le premier PRM en construction dans le monde (en dehors de la Chine et de la Russie). Il s'agit du premier de quatre PRM à l'échelle du réseau qu'Ontario Power Generation prévoit construire sur le site du projet Darlington. L'objectif est d'achever le premier de ces projets et de fournir de l'électricité au réseau d'ici la fin de 2030. (Pour plus de détails, voir notre bulletin : Un autre signe du leadership canadien en matière d'énergie nucléaire : Le premier PRM d'Amérique du Nord a reçu l'approbation des autorités fédérales et provinciales).
Plus récemment, en septembre 2025, le gouvernement fédéral a désigné le projet de nouvelle centrale nucléaire de Darlington comme l'un des cinq premiers projets d'intérêt national développés sous le régime de la Loi visant à bâtir le Canada, récemment adoptée. Cette nouvelle loi fédérale vise à simplifier le processus d'approbation réglementaire des projets d'intérêt national et à simplifier leur obtention de financement par le secteur privé en les déclarant d'intérêt national, ce qui garantit leur faisabilité.
Des gains d'efficacité dans le développement et le financement de PRM et d'autres projets d'énergie nucléaire au Canada pourraient grandement contribuer à répondre à la croissance prévue de la demande en électricité pour les centres de données et l'IA, non seulement en Ontario mais dans l'ensemble du Canada.
Développements ailleurs dans le monde
Le rapport de l'AIE fournit des indications utiles sur la manière dont l'énergie nucléaire peut répondre à la demande en électricité des centres de données et de l'IA dans d'autres pays que le Canada. L'agence estime que l'énergie nucléaire jouera un rôle important pour répondre à la demande en électricité des centres de données.
Depuis la publication du rapport de l'AIE, d'autres développements notables qui soutiennent l'avancée spectaculaire des projets d'énergie nucléaire se sont produits. En voici quelques-uns :
- Aux États-Unis, bon nombre des géants des technologies et des grands exploitants de centres de données ont récemment annoncé une série de projets prévoyant des collaborations planifiées avec des développeurs de PRM en vue de l'implantation de projets d'énergie nucléaire près de centres de données et de l'approvisionnement en électricité de ces derniers.
- En Europe, l'énergie renouvelable et l'énergie nucléaire devraient fournir la majeure partie de l'électricité supplémentaire nécessaire.
- En Chine, les centres de données sont principalement situés dans l'est du pays et leur approvisionnement en électricité provient surtout du charbon. Toutefois, après 2030, l'introduction des PRM devrait accroître considérablement la part de l'énergie nucléaire dans les sources d'approvisionnement en électricité des centres de données.
- Selon l'AIE, le Japon et la Corée du Sud représentent actuellement ensemble environ 5 % de la demande mondiale provenant des centres de données. L'énergie renouvelable et l'énergie nucléaire devraient fournir environ 60 % de l'électricité consommée par les centres de données en 2035, comparativement à 35 % actuellement.
- Le reste du monde représente aujourd'hui environ 10 % de la production totale d'électricité destinée à des centres de données, principalement en Asie du Sud-Est et en Inde.
Intelligence artificielle et innovation énergétique
L'engouement pour l'IA et l'empressement de développer des infrastructures énergétiques et des centres de données pour la soutenir sont attribuables en grande partie aux gains d'efficacité et aux innovations qui peuvent être réalisés grâce à l'IA. Dans son rapport, l'AIE se penche sur la façon dont la croissance de l'IA pourrait accélérer l'innovation en ce qui concerne les technologies d'énergie nucléaire. Le monde entre dans une nouvelle [traduction] « ère de l'électricité » et l'intérêt pour l'énergie nucléaire a atteint un niveau inégalé depuis 50 ans. Dans le rapport, on peut lire : [traduction]
Le secteur des technologies réalise de grands investissements et prend des engagements importants en faveur de l'énergie nucléaire [...]. Les nouvelles technologies telles que les petits réacteurs modulaires (PRM) doivent encore faire leurs preuves à grande échelle, mais elles sont prometteuses pour ce secteur en pleine croissance, car les investissements initiaux sont moins élevés que pour les centrales traditionnelles, ce qui pourrait être plus intéressant pour les investisseurs privés (la plupart des PRM en cours de développement devraient coûter moins de 2 milliards de dollars américains, par rapport à plus de 10 milliards de dollars américains pour le nucléaire traditionnel sur certains marchés). Cependant, les coûts actualisés élevés et les obstacles réglementaires freinent considérablement le déploiement.
Développements récents liés à la politique canadienne en matière d'intelligence artificielle
Le ministre de l'IA et de l'Innovation numérique a lancé dernièrement le Groupe de travail sur la stratégie en matière d'IA du Canada, dont le mandat est de renouveler la stratégie nationale canadienne concernant l'IA.
Plus tôt en 2025, le gouvernement fédéral canadien a publié la Stratégie canadienne sur la capacité de calcul souveraine pour l'IA et a annoncé que deux milliards de dollars seront affectés au lancement d'une nouvelle initiative en matière d'IA sur une période de cinq ans. L'un des piliers de la stratégie consiste à mobiliser des investissements du secteur privé.
Pour ce faire, le gouvernement fédéral a créé le « Défi de la capacité de calcul pour l'IA », un programme gouvernemental conçu pour recevoir, entre autres, des propositions de projets visant la mise en place ou l'agrandissement de centres de données commerciaux dédiés à l'IA au Canada.
Conclusion
La demande mondiale croissante pour la nouvelle production d'électricité, attribuable en grande partie aux besoins apparemment insatiables en énergie des centres de données et de l'IA, crée des défis et des occasions dans l'ensemble du secteur de l'énergie. On s'attend à ce que l'énergie nucléaire joue un rôle important pour répondre à cette demande. Le Canada a rapidement pris des engagements à l'égard de la croissance future de l'énergie nucléaire afin de répondre à ses besoins énergétiques nationaux, en particulier dans le domaine de l'IA et des centres de données. En tant que lieu d'investissement, le Canada offre également des avantages concurrentiels en ce qui a trait à la disponibilité des terres, au climat et à d'autres ressources essentielles, comme l'accès à l'eau. Avec de l'ambition, une vision claire et une exécution prudente, le Canada pourrait atteindre la fin de la décennie avec non seulement son premier PRM à l'échelle du réseau en exploitation, mais aussi de nombreux autres projets d'énergie nucléaire en développement pour répondre à ses besoins croissants en électricité.
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